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Comme chaque début de mois nous proposons une séance pour un film italien en v.o. aux Cinéastes en alternant films d'aujourd'hui et films du patrimoine. Pour cette prochaine séance un chef-d'oeuvre du maître du "giallo" italien , Luigi Fulci. A ne pas manquer !

L'équipe du festival "Tutti al cinema"

 

Les rendez-vous du cinéma italien

le vendredi 06 Décembre 2019 à 19h30

NON SI SEVIZIA UN PAPERINO
 
La longue nuit de l'exorcisme

de Lucio Fulci – 1972 – 102'

(séance unique)

Avec Florinda Bolkan, Barbara Bouchet, Tomas Milian

 

Début des années 70, dans le sud de l’Italie, un petit village de montagne est plongé dans la terreur : de jeunes garçons se font mystérieusement assassiner et la police semble avoir du mal à identifier le meurtrier. Les pistes sont nombreuses, mais aucune ne semble réellement aboutir. La tension monte au sein de cette petite communauté et les habitants commencent à désigner des coupables. Pendant ce temps, les crimes odieux continuent…

 

 

Traversant les décennies sans prendre le moindre petit « coup de vieux », Non si sevizia un paperino (La longue nuit de l’exorcisme) est non seulement un des sommets de la carrière de Fulci, mais aussi sans aucun doute un des plus grands trésors du cinéma italien des années 70. Récemment restauré, le film est à première vue un giallo très classique, respectant globalement le cahier des charges du genre : meurtres à la « première personne », intrigue prenant la forme du « whodunit », résolution du mystère très didactique… Le scénario est solide, et si l’identité du tueur pourra rapidement être mise à jour par le spectateur, le plaisir est là, d’autant que le script avance par touches subtiles, imposant même des « crochets » à sa narration, pour aller visiter d’autres genres… Par exemple, la scène mettant en scène Florinda Bolkan dans le cimetière -la meilleure scène du film, et peut-être même bien la meilleure de toute l’œuvre de Fulci- prend quasiment des allures de western crépusculaire.

Mais comme dans beaucoup de films populaires italiens des années 70, le cinéaste, assisté de ses co-scénaristes Roberto Gianviti et Gianfranco Clerici, se laisse également aller à une critique assez acide de la société italienne de l’époque. Comme touché par une misanthropie galopante, Fulci tire en effet à boulets rouge sur une police / justice à deux vitesses, responsable de plusieurs mises à mort durant le film, sur l’église, qui sans rentrer dans le détail en prend pour son grade à travers le personnage de Marc Porel, sur la bourgeoisie, à travers le personnage décadent de Barbara Bouchet (junkie et sexuellement déviante), sur les journalistes ou fouille-merde professionnels, prêts à tout pour signer un scoop, même à faire obstruction au travail de la police, sur l’Italie rurale des Pouilles, avec la description de paysans cloîtrés dans des superstitions et croyances d’un autre âge, que le repli sur soi et l’extrême pauvreté poussent à délaisser leurs enfants et à se murer dans une absurde loi du silence. Ajoutez à cela une impression diffuse et malsaine de misère / frustration sexuelle aux accents de pédophilie constamment maintenue par le cinéaste et vous obtenez un giallo parmi les plus féroces, les plus sombres et désespérés des années 70.

Formellement, Lucio Fulci soigne l’atmosphère délétère de son film : prenant place dans un petit village italien éclairé de main de maître par Sergio D’Offizi (qui s’est arrangé pour rendre chacun de ses plans le plus oppressant possible : lumière écrasante en extérieurs / sombre et étouffante en intérieurs), le film s’impose rapidement grâce à une mise en scène vraiment remarquable, des compositions de plans de malades, des changements de focale inattendus ou encore des zooms / dézooms furieux… Une belle maestria technique mise au service d’un film absolument remarquable.

Et si Lucio Fulci est passé par tous les genres du cinéma d’exploitation, il en est de même pour son casting, qui impose une série de têtes très connues des amateurs de cinéma bis : on commencera bien sûr avec l’incroyable Tomas Milian, acteur aux milles visages, sorte d’équivalent 70’s du Johnny Depp actuel. Récemment disparu, Milian était un acteur des plus impressionnants, capable de tout jouer avec toujours cette même aisance « cool ». A ses côtés, on retrouvera Marc Porel, disparu en 1983 à l’âge de 34 ans : omniprésent dans les le cinéma de genre des seventies, il a notamment illuminé de sa présence un bon nombre de poliziotteschiall’italiana ou polars italiens de l’époque. On passera rapidement sur la présence d’Irene Papas et Georges Wilson au générique : si excellents soient-ils ici, ces deux acteurs habitués à un cinéma plus classique n’ont jamais particulièrement marqué le « bis » d’une pierre blanche – ils ont probablement été engagés sur La longue nuit de l’exorcisme grâce au système de co-production européenne de l’époque. Florinda Bolkan en revanche a été vue à de nombreuses reprises dans des films prisés par les amateurs de cinéma d’exploitation : outre Le venin de la peur de Fulci, on se souvient de l’avoir découverte dans le formidable Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (Elio Petri, 1970), mais aussi dans Flavia la défroquée(Gianfranco Mingozzi, 1974). Même chanson pour Barbara Bouchet, qui a joué dans tellement de séries B qu’on aurait du mal à toutes les citer ; tout juste pourra-t-on remarquer que si elle a navigué dans la plupart des genres en vogue dans les années 60/70 (giallo, comédie sexy, espionnage, polar…), elle n’a jamais tourné de péplum, au grand dam de ses admirateurs de l’époque, qui scandaient à l’entrée de tous les cinémas de quartier « Bouchet ! A l’arène ! Bouchet ! A l’arène ! ».

source : https://www.critique-film.fr/test-blu-ray-la-longue-nuit-de-lexorcisme/

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